Les élèves de CP ont un bagage linguistique extrêmement faible ce qui entraine de grandes difficultés dans l'apprentissage de la lecture. Nous avons décidé de travailler en anticipation pour qu'ils puissent acquérir le vocabulaire lié aux albums étudiés sans dévoiler le contenu de l'histoire afin de favoriser le plaisir de la découverte.

J'interviens chaque jour dans chacune des classes de CP en prenant un groupe hétérogène d'élèves. Tous les élèves n'ont pas les mêmes besoins, aussi, même si tous vont travailler avec moi durant la semaine, certains vont venir 3 fois et d'autres une fois. En effet, afin de favoriser la mémorisation, il va être nécessaire pour certains élèves de refaire plusieurs fois les exercices de mémorisation et de production.

La première séquence a pour objectif d'anticiper le travail autour de l'album « ma vie est extraordinaire » tout en travaillant d'autres structures.

Durant cette séquence, trois objectifs de production sont définis pour les élèves :

1. raconter une histoire sur le modèle de « le chat arc-en-ciel », édition PEMF, en utilisant le vocabulaire qui sera rencontré en lecture ainsi que des structures syntaxiques correctes, notamment l'usage, très difficile, des pronoms il et elle,

2. réaliser un dictionnaire numérique reprenant le vocabulaire rencontré,

3. transcrire à l'écrit l'histoire produite à l'oral (tout le travail sur l'album « ma vie est extraordinaire » est alors déjà réalisé).

Le travail se fait dans la classe, dans le coin regroupement. Les élèves restés avec le maître, travaillent une autre matière (production d'écrit par exemple) cependant, à chaque début ou fin de séance, il y a un moment commun. Des séances communes, plus longues, réalisées en coanimation, permettent d'écouter les enregistrements réalisés par les élèves durant les temps de langage oral et ainsi d'accompagner les élèves dans un travail de réflexion sur la syntaxe, l'intérêt de « bien parler ».

Voici le déroulement de la séquence réalisée en parallèle de la lecture de l'album "Ma vie est extraordinaire". Elle comprend trois phases.

Phase 1 : apprentissage lexical et syntaxique / Production d'une histoire à l'oral

Le déroulement se calque sur les phases d'apprentissage en langue seconde

Séances 1 à 15 (un élève pourra donc participer entre 3 et 9 fois, en fonction de ses besoins): appropriation de lexique et structures. Trois étapes :

a. comprendre à l'oral : entendre le vocabulaire en contexte, le mémoriser,

b. phase de répétition : répéter les formulations incluant le vocabulaire étudié selon diverses modalités,

c. phase d'interaction : dans des situations d'interaction en groupes/par deux, utilisation dans des situations proches du « réel » .

Séances : réinvestissement

a. production orale de phrases calques – réalisation de structures répétitives,

b. écoute collective puis identification des éléments syntaxiques à retravailler,

c. production d'un livret d'aide à la structuration de la production orale,

d. enregistrements

Phase 2 : définir des noms communs, « conjuguer » des verbes / Production d'un dictionnaire numérique

Séances 15 à 20 (donc entre 1 et 3 séances par élève)

1. réalisation de définitions pour les noms communs,

2. « conjugaison » pour les verbes (jeu des mimes : est-ce que tu dors ? Oui, je dors. Elle/il dort.)

3. production d'un dictionnaire numérique.

Phase 3 : écrire l'histoire produite à l'oral pour le groupe de besoin « segmentation » à partir d'étiquettes-mots

Séances 20 à 25 (groupe de besoin : 5 séances par élèves)

1. lecture des étiquettes à l'aide du dictionnaire numérique si besoin,

2. lien support d'oralisation / étiquettes-mots : les élèves produisent un texte en s'appuyant sur le livret d'aide à la structuration de la production orale

Je reviendrai sur les outils utilisés et produits dans les articles suivants.